Tendance Évasion

1 mois en Guyane française / volet 4

La Guyane est connue pour son centre spatial, situé à Kourou, à 1h de Cayenne. Les fameuses fusées Ariane sont entre autres tirées de cette base. Il est possible d’assister gratuitement …

… à un lancement Ariane, Soyouz ou Vega, en s’inscrivant sur le site du CSG ! Il y en a environ un tous les mois, et ça vaut le coup.

Vous pouvez faire le choix de le voir de Cayenne, il suffit de trouver le spot, qui se repère assez facilement au vu de la foule. Un écran géant retransmet le lancer mais la voir passer dans le ciel me semble plus sympa ! On la voit évidemment moins bien qu’à Kourou, mais le grondement est bien présent.

Enfin, il est bien sûr possible de visiter le CSG, sauf fermeture la veille/jour/lendemain d’un lancement et pendant la semaine de fermeture annuelle (fin août-début septembre).

Iles du Salut

Les Iles du Salut, lieu qui participe à la mauvaise réputation de la Guyane, sa sombre fonction de bagne demeurant dans l’inconscient collectif.

Pour le petit rappel historique, ces trois îles situées au large de Kourou étaient initialement baptisées “Iles du Diable” en raison des forts courants marins qui rendaient leur accès très difficile. C’est au cours du XVIII° que les Iles prirent le nom d’ “Iles du Salut”, lorsque des colons français envoyés en Guyane pour peupler le territoire le fuirent en raison des épidémies qui se propageaient. Mais ce Salut fut de courte durée.

Le bagne de ces îles fut fondé en 1852 sous Louis-Napoléon Bonaparte. S’il était initialement destiné à recevoir les prisonniers politiques opposés au Second Empire, il est très vite devenu le lieu de déportation de l’ensemble des délinquants récidivistes. Officiellement supprimé en 1938, ce n’est qu’en 1953 que les derniers bagnards purent rentrer en Métropole.

C’est entre autres sur l’Île du Diable qu’Alfred Dreyfus fut emprisonné de 1895 à 1899. Nous avons vu sa (minuscule) case, la seule de l’île, complètement isolée de tout contact. Les autres bagnards étaient déportés sur l’Île Royale et l’Île Saint-Joseph. Guillaume Seznec et Henri Charrière en furent également des prisonniers célèbres, ce dernier ayant notamment décrit dans son livre Papillon son séjour et ses tentatives d’évasion.

Case d’Alfred Dreyfus sur l’Île du Diable

Il était quasiment impossible de s’échapper du bagne. D’une part, en raison des nombreux gardiens mais également en raison des forts courants et des eaux peuplées de requins. Les corps des bagnards décédés, souvent de maladies, étaient en effet jetés à la mer pour des raisons sanitaires, ce qui attirait les requins dans la seconde. Il est désormais possible de se baigner, mais ça ne m’a pas empêchée de rester accrochée à mon rocher, just in case.

Et, contrairement à ce que l’on pourrait croire concernant les cocotiers, ces derniers n’étaient initialement pas là et ont été (difficilement) implantés par les bagnards. Voler une noix de coco pour la manger était ainsi puni de 60 jours de cachot…



L’île Royale, la principale, compte plus d’une cinquantaine de cellules où les bagnards étaient entassés par centaines. Nous avons pu les “visiter”, autant vous dire que ça glace le sang. On voit encore les menottes mains et pieds par lesquelles les bagnards les plus “fous” (mais qui ne le serait pas devenu) étaient attachés 24h/24, sans aucune intimité puisque les toits étaient constitués de grilles, au dessus desquelles les gardiens passaient.


Il est également possible de voir l’hôpital, qui serait parfait pour faire office d’asile dans un film d’horreurs, le cimetière des enfants (!!) ou encore les cabanes des gardiens, dans lesquelles il est possible de venir passer quelques jours de vacances (!!!).

Tout cela sur un fond de mer turquoise, de cocotiers et de sable blanc.


On peut vraiment dire que l’Enfer est venu au Paradis.L’histoire de France a hélas des passages peu glorieux, celui-ci en fait partie et il me semble que cette visite vaut le détour.

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